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mercredi 1 avril 2020

Étudier seul

Lorsqu'une personne s'inscrit dans un club d'arts-martiaux ou un dojo, elle pense tout de suite à un professeur, un maître, un guide (?) et à des camarades de sueur, de travail studieux et de douleurs. Elle pense aussi et surtout à la camaraderie, à la joie de retrouver des pratiquants d'autres clubs au travers des stages avec lesquels sont tissés des liens forts!
Il est facile d'oublier que les arts-martiaux, c'est aussi (et surtout diraient certains) travailler seul...
Il suffit de lire Maître Maroteaux qui nous dit que pendant des heures et des jours, il a travaillé ses entrées en judo avec pour seule compagnie une chaise! C'est quelqu'un exceptionnel, me direz-vous! Un vrai passionné comme on en fait rarement! Quelqu'un qui a voué sa vie aux arts-martiaux. Soit...
Parlons alors des hauts gradés qui, une fois leur godan en poche (5ème dan) s'entendent dire par Maître Maroteaux que c'est fini. Il n'a plus rien à leur apprendre. Que maintenant, ils sont leur propre maître. Ah, ce sont de hauts gradés? Cela fait plus de vingt ans qu'ils suivent leur maître? Ils sont prêts pour ça? Peut-être... Je ne sais pas.
Que dire alors des gens qui, par obligations professionnels déménagent loin d'un club? Ou plus près de chaque pratiquant, nos instructeurs? Ces gens qui, en kekogi bleus (plus habituellement appelé en France kimono, même si c'est un abus de langage), prennent de leur temps pour nous transmettre leur savoir, qui les instruit? Qui les entraine? Il y a bien sûr des stages pour instructeurs (dans notre école, il se fait de façon annuelle). Mais la majorité de leur travail se fait seul!
Dans la vie d'un pratiquant, travailler seul est un passage obligé autant qu'une épreuve. Cette épreuve nous mets face à notre passion, à notre rigueur. Bref, elle nous met face à nous-même. Elle est le reflet du pratiquant que l'on est ou que l'on devient.
Mais c'est aussi un moment de création ou de re-création! Nous avons la chance d'avoir des supports et des stages! L'observation, la synthèse et le travail sont vos meilleures alliées afin de transformer les images en mouvements efficaces. Nous sommes obligés de nous poser beaucoup de questions, de tenter, de se tromper pour finalement apprendre et comprendre nos faiblesses, nos forces: découvrir notre façon de faire et d'être.
Ainsi, même si le travail solitaire n'est pas envisagé au début de la pratique d'un art-martial, c'est un passage obligé qu'il faut craindre autant qu'apprécier. Car c'est face à ce miroir de nous-même que nous seront capables de nous comprendre et évoluer au maximum de nos capacités.

Arnaud Cei Saurel.

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